N comme Naturellement artiste
Rikuo UEDA n’est pas un artiste « dans » le vent, mais un ami inconditionnel du vent, qu’il « collecte » grâce à de drôles d’installations, pour en montrer l’impalpable existence au milieu des humains…
Un hippy nippon
Pendant sa jeunesse, il a sillonné son pays – le Japon- et le reste du monde avec pour tous bagages ce vague à l’âme des hippies des années «peace and love », des cheveux longs, pas un yen en poche, mais un sentiment exaltant de liberté et d’appartenance plus à un univers qu’à une nation. Il lui restera de cette époque une incommensurable sensation de bien-être au contact de la nature, une approche quasi mystique du silence et de la solitude et une rencontre exceptionnelle, unique, comme une illumination, avec… le vent.
Le vent, invisible et divine créature
Le Japon appartient à l’Asie des quatre saisons pendant lesquelles les vents les plus contraires se succèdent distinctement si l’on est dans le Japon de l’Envers, celui qui donne sur la mer du Japon et qui est très froidement bercé par le vent de Sibérie, ou dans le Japon de l’Endroit qui donne sur le Pacifique, plus protégé, sans pour autant que ni l’un ni l’autre n’échappe aux typhons d’automne, ou ne soit privé de l’air tiède du printemps faisant éclore les cerisiers ou flamboyer les érables. Le vent est donc partout sur cette guirlande d’îles instables.
Des plaques d’aluminium…
Ce sont ces forces invisibles qui ont nourri l’énergie créatrice de Rikuo Ueda dans sa démarche artistique qui n’a cessé d’évoluer pour aller de plus en plus vers le naturel, dans le sens de l’épuration de toute sophistication émanant de la main de l’homme. Dans les années 1990 il travaillait sur des plaques d’aluminium avec la technique de l’aérographe. Il ne peignait que des motifs très simples pour que l’aluminium faire le reste selon l’exposition de ses œuvres. Il cultivait cette étroite relation entre son travail et celui du reflet de la lumière sur la plaque. Selon les lieux, les heures, l’œuvre offrait un visage différent. La nature était déjà au rendez-vous chez celui qui n’a jamais voulu l’imiter mais « simplement produire quelque chose tel que cela est ».
..au crayon dans les branches
Aujourd’hui les installations de Rikuo Ueda sont faites de bouts de ficelle savamment attachés à un crayon dans les branchages ou dans les airs , crayon ou marqueur dirigé vers un support, papier ou plaque rigide selon la grandeur de cette incroyable « machine » à capturer le vent qu’il installe au gré des lieux où il est invité et aussi au gré… du vent ! Ce souffle libère sa charge d’énergie jusqu’au bout du crayon qui, lui, imprime alors une trace vivante et vibrante sur le papier.
Le vent de la mémoire d’Hiroshima
Il a été demandé à Rikuo Ueda de réaliser une œuvre pour le Musée d’Art Moderne d’Hiroshima. Il a choisi d’aller chercher le souffle du vent depuis l’un des quelques arbres qui ont par miracle de la nature réussi à se maintenir en vie après l’explosion dévastatrice de la bombe nucléaire de la dernière guerre. La direction du vent a aussi été choisie en fonction de celle qu’avait prise la bombe et pour Rikuo Ueda il s’agissait de récolter, tant d’années après, la trace du vent à partir de ce symbole d’instinct de survie développé par la nature.
Une symbiose des forces naturelles
Rikuo Ueda a installé entre lui et le vent une étroite et fidèle collaboration pour faire de son œuvre une création conjointe de ses propres énergies et de celles de la nature. Il devient un lien de connexion entre force de la nature et conscience humaine. Ses œuvres peuvent nous aider à « voir » cette réalité des puissances naturelles qui nous entourent et qui sont aussi notre nourriture. La souffle qui s’échappe de nos poumons fait partie de la même énergie créatrice et vivante que la brise légère ou le grand vent qui fait osciller les crayons magiques de Rikuo Ueda…
Eve François
1950 naissance de Rikuo Ueda à Osaka
1973 institut de technologie d’Osaka
1974/1978 voyages en Afrique, USA, Inde, Népal…
1985/1990 institut du Musée d’art Moderne d’Osaka
1985/1990 expositions à Kyoto, Tokyo, Hyogo, Osaka
1991 « passion et silence » ,Malaisie
1997 « international Work Shop » , Danemark
2000 exposition Musée Art Moderne Hiroshima
2001/2002 expositions Italie, Usa, Allemagne et Art Marché Osaka
2003 « wind drawing », Hambourg
2004/2005 expositions en Hollande et à Taipei
2006/2008 expositions à Sao Paulo, Haifa, Genève
2009 expositions au Danemark et Osaka
2010 « cosmos » au Danemark, Hambourg, Tokyo