jeudi 19 septembre 2024

Prendre du recul ….Pour mieux sauter dans la vie

Telle une respiration essentielle dans la vie d’aujourd’hui, prendre du recul permet d’éviter de s’engluer dans le stress, de se laisser submerger par les émotions et de s’identifier aux problèmes. Voici des pistes pour lever le nez du guidon et gagner en sérénité.

Du recul, nous en avons tous besoin: un peu, chaque jour; beaucoup, quand le quotidien devient trop lourd; passionnément, lors des tournants de vie! Que nous soyons happés par un rythme effréné, embourbés dans les soucis, débordés par nos émotions ou anesthésiés par la monotonie, à chacun son mode d’emploi pour prendre du recul. Pour les uns, ce sera une balade en forêt avec ou sans le chien. Pour les autres, une retraite chaque année dans un monastère. Pour l’une, un mi-temps qui lui permet d’assouvir sa passion pour le bénévolat. Pour l’autre et sa famille, une vie en pleine nature, en marge de la société de consommation… Quelle que soit le type de mise à distance, il s’agit de se décaler du quotidien et de la course du temps. Non pour fuir, mais pour se retrouver et retourner au monde (et aux autres) mieux outillé. Alors… aucune hésitation, suivons ce pour le plan d’action en quatre temps.

RELATIVISER
Une seule règle, comme le fait remarquer Richard Carslon, auteur-phare du bien-être:
1) Ne pas faire une montagne d’une taupinière.
2) Il n’y a que des taupinières.
Il faut bien avouer que nous possédons un sacré talent pour passer les situations à la loupe grossissante! Combien de fois n’avons-nous pas l’impression que, cette fois, ça y est, on ne va pas s’en sortir…Souvent, deux jours plus tard, c’est oublié, car nous avions projeté nos peurs et angoisses sur la réalité, bien avant que toutes les cartes ne soient distribuées et que les jeux ne soient faits. La première clé pour prendre du recul est de revenir au présent. Ici et maintenant. Et d’agir au fur et à mesure pour dénouer les problèmes ou mieux vivre le quotidien. Entrer dans l’action permet de prendre de la distance, beaucoup plus que l’immobilisme stérile qui active nos idées fixes (le petit vélo dans la tête) et nous «scotche» aux problèmes. Relativiser, c’est aussi cultiver par petite touches cet humour salvateur, qui désamorce les pires des situations.

SE METTRE EN RETRAIT
Faites l’essai: mettez votre nez tout contre un objet. Vous n’en distinguez qu’une infime partie, floue qui plus est. À présent, reculez… Non seulement, vous voyez l’objet dans sa globalité, mais vous le mettez en perspective dans son environnement. Eh bien, c’est la même chose avec nos problématiques quotidiennes: opérer un recul permet de se «décoller» du problème, d’embrasser la situation dans son ensemble…et, ainsi, d’entr’apercevoir des solutions inattendues, des aides extérieures, ou simplement de temporiser. Si ce recul peut s’effectuer de manière symbolique, en prenant le temps de la réflexion, il aura d’autant plus de poids s’il est réel. On peut donc très utilement opérer un vrai retrait, plus ou moins long et d’innombrables façons: marche, retraites, méditation… Et, comme le dit si justement Charles de Radiguès, de l’association Terres au Souffle de Lumière, qui organise des voyages et activités de ressourcement : «Faire silence pour mieux agir, faire retraite pour mieux s’engager, prendre du recul pour faire le point, faire le vide pour être pleinement…dans notre monde, ramener un petit bulbe de silence à cultiver chaque jour pour le faire grandir, et exister au cœur de l’agitation.»

SE RAPPROCHER DE SOI
Paradoxalement, prendre du recul, c’est aussi se rapprocher de Soi et de son essentiel. Ne plus s’identifier à l’ego, conditionné par le monde extérieur et ses remous, donc source d’angoisse. C’est revenir à cet espace intérieur, au cœur de l’être. «Selon moi, prendre du recul ce n’est pas tant partir en retraite loin du monde et des autres, qu’être en retraite près de soi», explique Thomas d’Ansembourg, consultant en relations humaines, thérapeute et formateur en Communication Consciente et NonViolente : «Beaucoup de gens, poursuit-il, considèrent l’intériorité comme très statique, associant cette idée au moine dans son ermitage. Or, c’est un processus alchimique, car l’intériorité est le creuset de notre transformation: l’ego s’y émiette, dissout, fond, s’évapore pour que l’être s’y cristallise… Cette capacité à faire recul à l’intérieur de soi me permet d’abord de regarder ce que j’ai vu (entendu, fait…) autrement et de porter mon attention au-delà de la partie émergée de la situation. Cela développe ensuite ma capacité à me remettre en question et à ne plus être accro à l’unanimité: à quitter cette tragique habitude qui consiste à confondre désaccord et désamour (le point de vue de l’autre peut tout aussi bien être plus intéressant que le mien, ou alors mon opinion n’est qu’une suggestion parmi tant d’autres…). Enfin, à un niveau plus spirituel, c’est l’occasion d’apprendre à puiser dans cette ressource intérieure que renseignent toutes les Traditions : «Ralentis, assieds-toi et écoute (le Souffle…la Grâce…la Présence, etc.), et tout te sera livré.» Autrement dit, c’est l’occasion de faire concrètement l’expérience de ce que je ne suis pas seul: il y a cette Inspiration. Faire recul en Soi peut apparaître comme un moment de retraite, mais c’est bien ce qui me permet de revenir au monde avec une plus grande ouverture.» Enfin, savoir prendre de la distance, c’est aussi simplement mieux se connaître pour détecter son stress et repérer quand les idées tournent en rond, afin de revenir à un mode de fonctionnement plus harmonieux…et plus efficace.

RALENTIR
Chi va piano, va sano… Dans notre société TGV, on peut faire de multiples éloges de la lenteur! À l’heure où la performance est requise sur tous les fronts (travail, couple, famille, vie sociale et même…loisirs!), où l’immédiateté règne au détriment de la réflexion, et où nous avons la fâcheuse tendance à privilégier la quantité des tâches à abattre plutôt que la qualité de nos actes quotidiens, ralentir devient quasi une nécessité vitale. Car ralentir, c’est déjà revenir aux rythmes naturels qui permettent à notre corps et notre esprit de respirer, donc de mieux fonctionner. Ralentir, c’est aussi sortir de la spirale infernale de la vie en accéléré qui, provoquant la frénésie de nos pensées, rend difficile toute distanciation avec les événements, toute projection constructive dans l’avenir. Pour freiner le rythme, un nouveau courant «Slow» se développe sur plusieurs fronts (alimentation, voyage, art de vivre…), qui propose de rééquilibrer rapidité et lenteur dans notre vie, et retrouver ainsi ce que les musiciens appellent le tempo giusto. Ce temps juste, générateur d’harmonie.

Le recul en pratique !

• Expirer pour…bien souffler. Pas de grand recul sans de grandes expirations! Ce troisième temps de la respiration (après l’inspiration et l’arrêt poumons pleins) mobilise des zones de notre corps -la poitrine, les côtes, etc.- souvent cuirassées par le stress. Prenez conscience de ce moment de détente d’abord la bouche ouverte, en vous focalisant sur l’air qui passe par la gorge et caresse les lèvres avant de s’échapper. Puis bouche fermée, testez cet exercice: fermez le poing et contractez-le pendant l’expir, et relâchez cette contraction pendant l’inspir (plusieurs fois). Une expiration ample est un des moyens les plus simples et les plus efficaces pour prendre de la distance, même en crise.

• Trouver son geste ressource. En s’inspirant des techniques de la psychologie énergétique, vous pouvez imaginer un petit geste rituel (percussions, position des mains, se frotter l’oreille, etc.), à répéter chaque fois qu’un stress se présente. Ce geste personnel, simple et discret, viendra désamorcer les moments de tension et permettra de vous distancier du conflit ou de la source de stress, pour ré-agir avec justesse.

• Expérimenter au moins 1 bulle de sérénité par jour :

Bulle de sérénité n°1
Chaque soir, au coucher, clôturez symboliquement les comptes, en déposant par écrit les soucis du jour dans un carnet et oubliez-les pour la nuit. Demain est un autre jour…

Bulle de sérénité n°2
Chaque jour, accordez-vous une plage de tranquillité en solitaire. Durant minimum vingt minutes (idéalement), cherchez à vous ressourcer à «votre mode»: lecture, promenade, bain, méditation, etc. Ces quelques minutes hors du temps vous en feront gagner beaucoup!

Bulle de sérénité n°3
Stressée, débordée, comme dépossédée de vous-même? Apprenez à dire «non»: au trop-plein d’obligations, aux pressions et aux objectifs trop ambitieux. Libérateur!

Bulle de sérénité n°4
Quand plus rien n’arrive à vous calmer ou à vous distancier des événements, mieux vaut simplement se coucher dans le noir. Et laisser passer… Tout passe!

Carine Anselme & Eve François

À lire:
«Comment peut-on être zen?», Jacques Castermane, éd. du Relié.
«Guide spirituel des lieux de retraite dans toutes les traditions», Anne Ducrocq, éd. Albin Michel.
«Qui fuis-je, Où cours-tu, À quoi servons-nous? Vers l’intériorité citoyenne», Thomas d’Ansembourg, éd. de l’Homme.
«Trop vite! Pourquoi nous sommes prisonniers du court terme», Jean-Louis Servan-Schreiber, éd. Albin Michel ;
«Éloge de la lenteur. Et si vous ralentissiez?», Carl Honoré, éd. Marabout.

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