jeudi 19 septembre 2024

V comme Voix

« Ce corps est comme un instrument de musique ;
ce que vous entendez dépend de ce que vous y jouez »
(Mâ Anandamayi)

Contrairement aux idées reçues, tout le monde dispose d’une belle voix. Pour autant qu’elle soit juste ; c’est-à-dire accordée à l’être. (Re)trouvée, elle est un merveilleux instrument d’équilibre, de joie et de confiance en soi. Être bien dans sa voix, c’est établir une communication et des relations authentiques. Être écouté, mais surtout être entendu. Travailler le duo souffle/son est avant tout une thérapie qui permet de contacter, exprimer et extirper les « distorsions » et nœuds de parcours, afin d’apaiser la cacophonie de l’être. En outre, par le massage vibratoire sonore qu’elle induit, la voix est un puissant outil énergétique d’harmonisation, voire de guérison, utilisé depuis la nuit des temps par les chamans et autres médecins traditionnels. Trouver sa voix, c’est un peu trouver sa voie…

Il était une voix… Une voix à laquelle on n’accorde généralement guère d’attention et de soin. Or, quoi de plus intime et de plus révélateur que la voix, que sa voix ? Venue des tréfonds de l’être, elle porte les coups de canif de l’existence, et dévoile états d’âme, émotions et face cachée de notre psyché. Un patrimoine parfois encombrant ! Si elle n’est pas bien placée, on peut être sûr de pointer un problème ; de confiance en soi, de choix de vie erroné, de traumatisme ou de stress. Faisons un peu d’anatomie : les cordes vocales sont des muscles et, comme pour tout muscle, leur degré de tension est directement influencé par les états émotionnels et psychiques de l’être. À travers les cordes vocales, c’est la voix, et ses sons aux fréquences très variées, qui subissent transformations et distorsions.

Serge Wilfart est le créateur de la méthode Analyser, Construire et Harmoniser par la Voix, qui s’adresse à toute personne soucieuse de retrouver la « vérité » de sa voix. Pour lui : « Le son se bloque en fonction des tensions de la colonne vertébrale. Faut-il rappeler que la voix – sa qualité et son ampleur – dépend de l’acte respiratoire. Or, ce dernier bloque souvent car il rencontre un nœud au niveau du croisement entre les cervicales et les épaules, carrefour de l’expression. C’est pourquoi nous travaillons sur le dos, qui cristallise le plus de tensions ». Il faut savoir que les ateliers de Serge Wilfart sont impressionnants, dans le bon sens du terme (et efficaces !), puisque le participant est invité à faire retrouver à la voix un chemin et un souffle naturels, ce qui l’oblige à adopter des positions parfois étranges afin de dépasser et de faire lâcher les blocages inscrits, parfois depuis très longtemps, dans le corps. Comme la voix est avant tout un organe mental, elle dispose d’une excellente mémoire qui dépasse l’entendement et le conscient.

Dans Le pli (éd. de Minuit), le philosophe Gilles Deleuze explique que dans chaque son il y a des plis ; une organisation interne dans laquelle transite une multitude d’informations qui s’impriment dans la mémoire du corps, le stimulent et le transforment. S’ouvrir à sa voix, ce miroir sonore de l’intériorité, c’est s’ouvrir à soi ; à ce qu’il y a de plus intime et de plus universel en soi. C’est s’ouvrir à sa vie et s’ouvrir aux autres, sans triche, ni faux-semblants. Une voix qui est un instrument de communication précieux. Pour autant que l’on puisse s’accorder sur la même longueur d’onde…

« La voix est le miroir de soi-même et une offrande à l’autre », précise Francine-Émilie Laurent, créatrice de la méthode Cosmo-Humana-Voce. « Avec notre voix, nous changeons l’atmosphère et l’équilibre vibratoires de ce lieu ; nous pouvons  construire ou détruire cette harmonie. L’art-thérapie que je propose permet, à travers la voix, de traverser les nappes de brouillard de nos vies. De libérer par la voix les mémoires vibratoires ; par le son d’effacer les traces de vécus douloureux et chaotiques, qui nous enlèvent une portion de vitalité. Car il ne faut pas oublier que la voix, c’est la vie à l’état pur. »

Changer de voix, c’est changer de vie
En travaillant sur la voix, on travaille sur tout l’être en profondeur et on influe sur l’état général. On ne parle pas de miracle ! Se (ré)accorder à sa voix exige une prise de conscience et un travail intérieur personnel intense. Un lâcher prise qui va de pair avec l’abandon d’une manière de paraître, pour tendre vers une manière d’être. « Il faut être prêt à changer, et pas seulement sur le plan vocal », explique Serge Wilfart qui aime à se définir comme « professeur de voix ».

En touchant à la fonction vocale, on peut exhumer des blessures savamment enfouies et étouffées, des blocages de longue date et autres traumatismes. Et, il est souvent difficile, une fois mis en lumière, de les ignorer… Changer de voix (même s’il ne s’agit pas fondamentalement de changer de voix, mais bien de se reconnecter à la sienne), c’est un peu changer de vie. « Quand certains entendent leur ‘nouvelle’ voix, ils ne se reconnaissent plus, ne le supportent pas et quittent l’atelier », confirme Claire Szekely-Wilfart , comédienne, qui travaille également avec la méthode élaborée par Serge Wilfart. « Venir avec l’envie d’avoir une belle voix, pour aiguiser un outil de séduction, c’est risquer de se casser la figure ! » C’est la différence entre « Je veux plaire avec ma voix » et « Je veux être bien avec ma voix ». Une démarche qui doit avant tout être nourrie de l’intérieur. Serge Wilfart confirme : « Quelqu’un qui viendrait chez moi en disant « Je veux du charisme » se trompe d’adresse. Il aura effectivement plus de charisme, mais plus dans le même but ; dans celui d’être lui-même ! On ne peut pas obtenir les outils sans passer par la démarche, car il ne s’agit pas d’une recherche de pouvoir, mais bien d’une recherche d’être. L’individu qui aura tourné son regard vers l’intérieur, qui aura retrouvé une authenticité, sera plus apte à se comprendre, mais aussi par empathie, à comprendre son entourage et la personnalité humaine qu’il a en face de lui. » Un travail vocal, on le voit, qui agit sur le corps et l’esprit.

Dans cette optique thérapeutique puissante, Aurélie Mertens propose, elle, une Thérapie par la voix qui permet de « libérer la voix, source d’énergie ». « Par la voix, on va retrouver ‘sa’ voix. Sa voie. Et, guérir les blessures d’âme. Depuis l’enfance, problèmes psychologiques et traumatismes ont fait que l’énergie est restée bloquée sur notre voix. Tout le travail que je propose (en individuel ou en groupe) consiste à la libérer, à libérer ce qu’on n’a pas pu exprimer à un moment donné et ainsi « dénouer » les nœuds. L’âme a besoin de récupérer cette énergie « perdue » pour être entière, complète. Un processus émouvant, qui ouvre à une joie authentique et profonde. Il n’y a plus de perte d’énergie et on peut passer à autre chose. »

A chacun sa (belle) voix
Alors, à chacun sa voix ? De toute évidence ! « Il existe une seule personnalité et géométrie vocale pour chaque individu », proclame Serge Wilfart. Une voix (qualité et résonance) qui s’inscrit dans un corps unique. Il faut savoir que tout le monde peut donner une certaine ampleur à sa voix, liée à une énergie et non une force musculaire. Quant à la justesse, elle n’a rien à voir avec la force : on peut avoir une voix forte et des blocages importants.

Serge Wilfart a vécu cette distorsion entre « voix » et « être », lors d’une carrière de chanteur lyrique qui l’a peu convaincu et l’a mené à élaborer sa méthode. « Le problème, notamment dans le chant, c’est qu’on veut vous donner une voix qui n’est pas la vôtre. Une voix artificielle, correspondant à certains canons, qu’on vient « plaquer » sur l’individu, de l’extérieur, alors qu’il s’agit véritablement d’une mécanique intérieure, revendique-t-il. Ça m’énerve de voir que la moitié des candidats au chant se font refuser, sous prétexte qu’ils n’ont pas de voix…Or, ils parlent ! De même, quand on affirme « Tu chantes faux »…Comment peut-on dire ça ? La voix, c’est ce qu’on a de plus intime, de plus subtil ! Et j’affirme que personne ne chante faux. Il n’y a pas de distinction entre voix parlée et voix chantée. Qui chante mal, parle mal, respire mal, se tient mal, est mal dans sa peau. »

Francine-Émilie Laurent, qui a également une carrière lyrique a son actif, précise : « Il y a plein d’a priori et de croyances sur la voix et l’esthétique vocale. Une voix peut être sans grande coloration esthétique, mais elle fait partie intégrante de soi-même ; de votre charisme. Ce qui est important, c’est ce qu’elle touche : l’âme ou l’ego ? Il y a une question de présence. Si votre voix a de la présence, il y a automatiquement présence du corps. Par la voix, vous activez la capacité à entrer en vibration avec un interlocuteur. Vivant. »

Bonne nouvelle : le chant est donc à la portée de tous. Et, il est souvent le chemin le plus aisé pour re-contacter une voix authentique, car il jaillit, spontané. Toutefois, il s’accompagne inévitablement d’une restauration de la voix parlée, d’un épanouissement de la fonction respiratoire, d’une rectification de la verticalité corporelle et d’un inévitable retour sur soi, on l’a vu. Cela peut prendre un certain temps, mais est toujours possible : « J’ai promis, ironise Serge Wilfart, un camion de champagne brut millésimé à celui ou celle qui n’arriverait pas à chanter juste. J’attends encore ! »

Souffle, corps et voix
De toute évidence, une voix juste n’est possible que grâce à une respiration juste. Un travail sur le souffle qui engage tout le corps. Comme le corps s’éveille en même temps que la voix se révèle, celui qui va à la rencontre de sa voix réintègre son corps, comme on réintègre avec plaisir son domicile après une longue absence.

Valérie Bessière, euphoniste (justesse et harmonie de la voix) – aujourd´hui disparue – disait : « Et, retourner chez soi, c’est habiter partout !». Ce qui veut dire que le travail sur la voix rééquilibre tous les « étages » de l’individu. « C’est une très belle manière, aimait à répéter Valérie Bessière, qui travaillait notamment avec des autistes, de ‘réaccorder’ l’être. Un émouvant corps-accord qui donne des résultats d’ouverture, d’harmonisation, d’apaisement et de confiance en soi. » Le corps change ; il se libère et s’ouvre. Mais d’où vient l’erreur ? Cette voix « faussée », peu accordée à ce que nous sommes vraiment… Il faut remonter à l’enfance pour retrouver le son ‘vérité’. Rien n’est plus parlant que l’exemple d’un nouveau-né : une voix si puissante dans un si petit corps ! Née du premier souffle (sans le souffle, la voix s’éteint), cette voix, boule d’énergie ‘souffle-son’ qui jaillit du ventre du bébé, est sans commune mesure avec la voix étouffée et diminuée de l’adulte. Avec les premières angoisses, cette boule lui remonte dans la gorge. Une voix qui s’écartera encore davantage de son centre vital abdominal (le hara, appelé ‘océan du souffle’ chez les Taoïstes) lorsqu’il prendra la posture debout. Dès lors, souffle et son se dissocient, bloquant l’énergie-son à l’étage supérieur : épaules, cou, mâchoires, colonne dorsale. Inhibée par les traumatismes, l’éducation (« Ne parle pas si fort ! »), les convenances sociales et le très actuel stress, la voix de l’adulte n’est plus qu’un pâle reflet de ce qu’elle a été à l’origine ! D’où l’importance du rééquilibrage du centre de gravité et de la respiration abdominale. « Faites respirer quelqu’un correctement et il se passe quelque chose au niveau de la dynamique. Respirer, ce n’est pas prendre de l’air. Il y a un engagement de soi-même dans l’acte respiratoire. La voix vous révèle », pointe Francine-Émilie Laurent. La clé ? Être très présent dans le hara, avec des racines profondes et une tige souple, pour laisser passer et circuler le souffle, donc le son.

« Le souffle est méditatif, précise Serge Wilfart. C’est « l’essence » qui va alimenter la voix, symbolique de l’action. » Une respiration profonde va donner une qualité de voix, une présence, une « puissance » qui n’a rien à voir avec une force. C’est une texture, une matière, une couleur, une densité d’une richesse insoupçonnée. L’expire délivre la voix : c’est la phase active. C’est « l’expression » de soi.

L’hymne à la joie
« Pour libérer la voix et l’expression de tout notre être, chanter est une voie royale. Laisser monter son chant, c’est retrouver sa véritable dimension, dans un espace illimité de création et d’authenticité où s’accordent nos énergies, nos vibrations et nos propres harmonies. Sur le chemin du son, du souffle et de la voix, nous allons à la découverte de ce que nous sommes et de tout notre potentiel, en corps, en cœur et en conscience », confie Marie-Claude Van Lierde qui pratique notamment la thérapie vocale. Le chant vient du cœur. Avec l’action double de la voix qui « masse » l’intérieur et va vers l’extérieur, le chant permet de retrouver une unité de l’être, qui s’exprime à la fois à travers une ouverture tranquille et un enracinement, sources de joie et d’équilibre.

Partagé avec un groupe, il favorise l’écoute de soi et des autres. « Quand on est ensemble, explique Anne qui participe depuis plusieurs année à un atelier de voix, de chant et de polyphonie, cette harmonie nous dépasse. Elle nous permet d’être dans notre propre canal, dans le grand canal des autres et dans celui de chacun ». D’après elle, c’est magique ! « Au fil des ateliers, ma voix, tant chantée que parlée, est devenue plus harmonieuse. Et moi qui croyais ne pas en avoir, et chanter faux ! Au quotidien, j’ai plus confiance en moi, je suis plus sereine et plus attentive aux petites choses de la vie. Je me sens plus concentrée sur le moment présent. Bref, je me sens mieux dans ma peau ; cela se voit et on me le dit ! Et puis, ce qui est formidable, c’est qu’en chantant, on oublie tout, on se laisse complètement aller. Je ressors du cours pleine de dynamisme et de gaieté ! » Francine-Émilie Laurent précise : « Avant, on chantait quand on était bien. Maintenant, nous avons pris conscience qu’on va mieux quand on chante !

Chanter permet de se réconcilier avec soi-même. »  Outre cette construction harmonieuse de l’être, les sons et le chant ont des vertus thérapeutiques indéniables. Concrètement, on a pu vérifier les effets de la voix chantée, porteuse d’émotions, notamment sur des bébés prématurés, en couveuse. Ils sembleraient qu’ils réagissent dès qu’on leur chante – avec délicatesse et respect – leur prénom. Résultat ? Ils se détendent, sourient et vont vers la voix avec leurs pieds. Impossible de dire que cela ne passe pas ! Pour Catherine Gaytte, le chant a été plus que ça. Atteinte de cancer, la voix a été sa seule issue. « Au cœur de ce profond désespoir, une énergie a pris forme. La vibration salvatrice du chant est devenue ma seule certitude, la nourriture indispensable à ma guérison. Alors, avec sagesse, j’ai mis des notes à mes tourments afin de mieux combattre le mal. J’ai réveillé mes cellules endormies, purifié mon corps, illuminé mon âme et libéré ma vie en chantant des symphonies. (…).», confie-t-elle dans son livre Renaître par la voix. En définitive, trouver sa voix n’est rien d’autre que trouver sa voie. Mais, faire entendre sa voix, c’est aussi savoir écouter celle des autres.

À vous de jouer (et de chanter !) :

* Trouvez votre voix : chacun dispose d’une note personnelle, qui constitue la base de son édifice sonore. Elle est souvent proche de la note utilisée en cas d’improvisation du chant. Cela demande de lâcher l’intellect et d’être détendu : impossible d’avoir une voix fluide et juste dans un corps crispé.

* Avant de chanter, échauffez votre voix. Les vocalises, les exercices d’enracinement  et les assouplissements des cordes vocales, de la nuque, et plus généralement du corps entier, ne sont pas exclusivement réservés aux divas ! C’est la garantie d’une voix harmonieuse, en toute sécurité.

* Chantez des comptines enfantines. Bâties sur un schéma sonore similaire, elles sont source de joie et d’apaisement. Bonne humeur garantie !

L’énergie des sons
Musicologue, compositeur et chanteur, Philippe Barraqué est arrivé à la musicothérapie suite à un long cheminement personnel. Il est le créateur d’une technique originale : l’harmonicothérapie. Cette thérapie par les sons, et plus précisément les harmoniques, stimule et harmonise l’être humain dans sa globalité. Comment cela marche-t-il ? « En intégrant différentes sources traditionnelles, cette technique permet d’émettre deux sons à la fois et de sortir des fréquences dans l’extrême aigu, ce qui stimule – par une sorte de massage – les centres énergétiques, ou chakras.» Il faut savoir qu’il existe une concordance entre les fréquences sonores et les différentes parties du corps. « Par une stimulation vibratoire, le son pénètre les différentes couches de notre être, jusqu’au plus profond de nos cellules. Ces stimuli sonores vont agir au niveau glandulaire et énergétique. ». Les tensions se libèrent, d’où sérénité et bien-être.

En pratique : ‘Ou-é-ai-i-a-o-i’ ou chanter ses sept énergies. La combinaison des sons de voyelles vous aide à « recharger vos batteries », à vous harmoniser. De plus, bien articuler les sons de voyelles assouplit l’épiderme du masque facial, élimine les tensions au niveau des mâchoires et du cou et constitue une bonne gymnastique naturelle pour se préserver des rides. Concrètement, chantez lentement ‘ou-é-ai-i-a-o-i’ : les harmoniques de votre voix sortent à chaque changement de voyelles et se diluent dans l’espace. Chaque voyelle va stimuler un centre énergétique, selon l’endroit où elle résonne. Laissez-vous porter par les sons ; ils vous apaisent et vous purifient…Cessez de chanter. Dans le silence, vous éprouverez peut-être une sensation de bourdonnement ou d’un choeur très lointain (extrait de La voix qui guérit).

Les voyelles réconciliatrices
« Le nom de ma méthode – Cosmo-Humana-Voce (voir bibliographie) -, explique Francine-Émilie Laurent, signifie que notre voix a des racines humaines, mais elle nous vient aussi d’ailleurs et nous met en contact avec plus grand que nous. En étant un être incarné, la voix retisse le lien entre divin et humain. Les voyelles sont un tremplin. Chaque voyelle a son panneau indicateur bien précis. Une signalisation qui lui est propre. Prendre rendez-vous avec les 5 voyelles offre une « aire de repos » : les voyelles accordées sur le corps qui respire, c’est un sas de non pensée. On se torpille à force de penser sans arrêt (non des pensées créatives, mais compulsives), de nous identifier à notre mental! Dans le son, il y a l’audible, mais il y a aussi l’inaudible qui parle directement  à l’esprit. Les voyelles vous permettent de retrouver paix, harmonie et équilibre. De vous accorder et de vivre intensément le moment présent, d’être doux avec vous-même. En fait, la réconciliation avec les voyelles vous élargit le champ de perception. » Bref, elles vous « nettoient », vous rechargent et vous nourrissent. Alors, à vos voyelles ! Chantez-les (sur des tonalités différentes), psalmodiez-les, écoutez-les, vibrez-les…

  • a – « Le ‘a’ (Francine-Émilie Laurent insiste sur le fait de garder l’écriture minuscule de la lettre qui lui donne une forme, un sens et une symbolique spécifiques que l’on ne retrouve pas dans les majuscules, ndlr) évoque la tendresse, la douceur féminine, la gentillesse, l’amabilité. La réconciliation avec le ‘a’ ramène sur ce chemin d’harmonie qu’on a perdu au fil du temps. Le ‘a’ vous dit : « Rappelle-toi que tu es tendresse, que tu es douceur… »
  • e – « Le ‘e’, c’est le mouvement. Il symbolise la propulsion ; le fait d’aller de l’avant. Émettre ou entendre un ‘e’, un ‘é’ ou un ‘è’, c’est entrer dans le mouvement, dans la danse de la vie. »
  • i – « Le ‘i’ est la voyelle de la vie. L’énergie, la vitalité, l’esprit. Il permet de donner une dimension spirituelle dans la matière. Donner de l’essence à la substance… Le ‘i’, c’est retrouver « qui je ‘suis’ » au plan fondamental. « Être » en tant qu’être essentiel. Quand le ‘i’ est émis avec justesse – il peut aussi être tranchant comme une lame de rasoir -, il ouvre et donne accès à l’intuition. Les réponses vous viennent. C’est également une manière de lâcher prise ; d’accepter qu’il y a en vous une dynamique qui vous guide. Vous vous désolidarisez de votre mental, auquel trop souvent on s’identifie. »
  • o – « La morphologie du ‘o’ symbolise la droiture physique et morale. Il inspire la confiance. il « verticalise » et sécurise. »
  • u – « Le ‘u’ à l’envers, c’est un ‘n’ ; un pont sur jambages. Avec le ‘u’, la communication vous tend les bras. C’est une embouchure. »

Exercice pratique : les voyelles du prénom. Tout simple et extrêmement puissant comme outil d’harmonisation, d’unification et de confiance en soi, émettez (en les disant, chantant, psalmodiant sur différentes tonalités) les voyelles de votre prénom (dans mon cas, ‘a – i – e’). Un conseil : S’ENRACINER ! Être bien présent et s’ancrer dans les pieds. Imaginez que vous avez des racines qui poussent sous la voûte plantaire.

À savoir
Pour imiter les bruits de la nature, il a fallu perfectionner un langage. C’est ainsi que sont nées les voyelles, qui sont universelles. La voyelle est le chant de la nature. Elle est libre, aérienne, désincarnée et sacrée. La consonne – ‘qui sonne avec’ – est le rythme qui vient modifier le flux continu de la voyelle. C’est l’incarnation, la ‘matière’ du son. Sans voyelle, la consonne est une boîte vide, une incarnation sans âme. Alors que la voyelle sans la consonne, c’est l’âme sans la chair. La consonne enracine. La voyelle énergétise et ouvre vers une autre dimension. Un mariage hautement symbolique, à l’image du ‘Om’ universel !

Carine Anselme

À lire

  • Le chant de l’Être ; analyser, construire, harmoniser par la voix, Serge Wilfart, éd.Albin Michel, (coll. Espaces Libres).
  • La voix, source d’énergie, d’équilibre et de vie, Francine-Émilie Laurent, Guy Trédaniel Éditeur. Même auteur, même éditeur, à paraître en fin d’année : La voix et les mémoires vibratoires.
  • La voix qui guérit, Philippe Barraqué, éd. Jouvence. La guérison harmonique.
  • Renaître par la voix, Catherine Gaytte, éd. A.L.T.E.S.S.

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